Nettax

En 1936,  Zeiss Ikon présente un nouveau télémétrique 24 x 36 à objectifs interchangeables, le Nettax, la même année donc que ses Contax II et III. Mais cet activisme créatif  cache une réalité moins glorieuse. Le Contax I, lancé avec force publicité en 1932, n’arrive pas à détrôner les Leica II  de 1932 et III de 1933. Son Super Nettel de 1934, un télémétrique à objectif fixe, n’a pas, lui non plus, rencontré le succès attendu.

Ainsi a-t-on pensé à Dresde qu’un autre modèle à objectifs interchangeables et moins onéreux que les Contax, pourrait convaincre des clients potentiels de ne pas aller du côté de Wetzlar. Mais aussi d’amortir les investissements  consacrés au Super-Nettel.

Sans surprise, le Nettax reprend la plupart de ses caractéristiques. Son obturateur, à rideaux métalliques et défilement vertical, conserve sa gamme de vitesses : B 1/5ème à 1/1000^ème de s., laissant aux Contax le privilège de la  1/2 s. Il dispose aussi d’un adaptateur de plaques et d’un dos amovible. La visée et la mise au point s’effectuent toujours via des oculaires séparés, contre un seul sur ses contemporains, les Contax II et III.  Son télémètre reste à prismes tournants. Les seules différences sont le boîtier rigide et le pied de table fixé sur la semelle. Inspiré des Contax, il devient nécessaire, la disparition du soufflet ayant entraîné celle de l’abattant qui en tenait lieu.

La conception du télémètre impose d’incorporer les prismes tournants à la monture de ses objectifs, deux Tessar 1:3,5 et 1:2,8 5 cm et un Triotar 1 :5,6/10,5 cm, ce qui renchérit leur coût de fabrication. Le Tessar 1 :8/2,8 cm des Contax pouvait aussi se monter sur le Nettax au moyen d’une bague intermédiaire. Quant au Triotar 1 :5,6 10,5 cm, il n’a pas pu séduire plus de 200 acheteurs que ne rebutaient pas son ouverture maximale réduite et son viseur peu pratique, un simple  Albada  pour les focales de 5 et 10,5 cm.

Si en 1937, le Nettax vaut 3.610 FF contre 4.850 FF pour le Contax II, il reste plus cher que le Contax I, encore disponible pour 2.975 FF, dans les trois cas avec un Tessar 1 :3,5 5 cm. Son assortiment d’objectifs très réduit et cette politique de prix n’ont pas favorisé les ventes du Nettax, Estimée sur la base des objectifs 5 cm produits (1.000 en 1 :2,8 et 400 1 :3,5), sa fabrication n’aurait pas atteint les 1.400 exemplaires. Il sera vite discontinué pour laisser la place à un autre petit frère des Contax, le Tenax  II au destin moins malheureux et qui a eu droit à un article dans le RES PHOTOGRAPHICA nr. 179, librement disponible sur le site.

Jean-Pierre Vergine