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Les Favor

Favor 24 x 36, par François Vial paru dans le bulletin n°48, pages 14 à 16

Tout de suite après la dernière guerre, parmi les très rares importations autorisées à cette époque où la France était pauvre en devises, le plus important et le plus réputé des grossistes parisiens, les Ets. Central-Photo, proposait dans son catalogue 1949 un petit modèle nouveau, séduisant : le Favor 24x36. Dans ce catalogue "made in France", seul le Favor, exclusivité Central-Photo, provenait d'outre-Rhin. Plus exactement, il était fabriqué en Sarre, La Sarre qui allait bientôt par référendum, être rattachée définitivement à l'Allemagne. Il était signé : Doktor Wohler. Plus exactement, ce fut l'Optische Fabriken Doktor F.A. Wohler AG., située au 1 Hoche-Wacht-Saarbrûcken, qui réalisa et commercialisa le Favor. Cette entreprise d'optique de précision poursuivait d'autre part la fabrication de divers accessoires : Jumelles, loupes, microscopes, filtres, lentilles, etc... etc... et était parfaitement outillée et qualifiée pour cette industrie très spécialisée.

"Herr Doktor Wohler", en effet avait mis au point un petit modèle très rationnel, bien conçu et bien réalisé. L'appareil présente une forme monobloc trapézoïdale dont la tenue en mains est agréable.
Sur la façade avant, le bloc optique-obturateur est fixé directement ; sont ainsi supprimés tous les éléments mobiles susceptibles d'usure : pas de soufflet, pas d'abattant, pas de charnières, pas de tube coulissant. On se rappellera que jusqu'en 1939 la plupart des 24x36, dans la catégorie des modèles de vulgarisation à obturateur central et objectif fixe étaient tous des modèles pliants à soufflet, du genre Retina, Karat, Weltini, Balda etc. Après la guerre quelques-uns de ces modèles, reparurent, mais bien vite c'est l'abandon quasi général du soufflet. En effet, avec le Favor, on trouve le nouveau style de fabrication très rigide, avec le fût en alu fondu, qui va dominer dans la presque totalité des petits 24x36 modernes allemands, français, italiens, américains, etc.
Chez tous ces fabricants, notamment chez les nouveaux venus, il est intéressant de constater que, sûrement sans s'être concertés, les impératifs de prix de revient et de simplification ont conduit les bureaux d'étude de ces maisons aux mêmes conclusions! C'est pourquoi le même "style" qui prévaut chez Iloca, Diax, Franka, Régula, Dacora, Polo, Agfa, et chez nos Foca-Sport et Sem-Kim : un boîtier en alliage d'aluminium fondu, un obturateur central, un viseur optique encastré du type "Galilée" et bien souvent une optique en mise ou point frontale de grande ouverture 1:3,5 ou f:2,8 - mais dont la focale est maintenant très souvent de 45 mm : l'encombrement est ainsi plus réduit, la profondeur de champ plus grande et la mise au point plus facile.

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Le premier Favor d'un poids de 420 grammes, verra le jour en 1949, il est équipé d'un objectif Citar f:3,5 à 3 lentilles sur obturateur allemand Gauthier Prontor S (1 s au 1/300 ème et retardement).
Dès le début, sa construction sera soignée, sa précision excellente. Malgré la dureté de l'époque la présentation est très correcte. Peut être pourrait-on lui reprocher un gainage en pégamoid un peu pauvre, mais ce point de détail sera corrigé l'année suivante avec la sortie du nouveau modèle Favor ll équipé d'un objectif plus lumineux: le Docar 1:1,6. Les carters supérieurs et inférieurs sont chromés "mat", le film est entraîné par un tambour à deux rangées de dents. Le mécanisme très simple est d'une très grande robustesse.
Le levier d'armement à la position "armé" est visible dans le viseur, ce qui permet de voir au cadrage si l'appareil est prêt à opérer.
Le viseur du Favor mérite une mention spéciale : il est certes très classique, du type lunette de Galilée, bien situé dans l'axe optique, mais il a été très bien étudié ; en effet sa longueur est nettement au-dessus de la moyenne et assez inhabituelle : il permet avec facilité un cadrage confortable très exact. Le déclencheur du boîtier est très doux, un ressort de sécurité le bloque pour empêcher tout déclenchement involontaire ou pour l'usage de la pose T.
Le dos est entièrement amovible, facilitant le déchargement.
La mise au point frontale s'échelonne de 1,20 m à l'infini; les indications 0,90 et 1 mètre qui figurent sur la bague, ne sont là que pour le calcul de la profondeur de champ.

On peut résumer ainsi l'évolution de l'appareil :

1er modèle Favor Citar 1:3,5 en 1949 -

2ème modèleFavor ll Docar 1:2,8. En 1950, ce modèle recevra sur le capot supérieur, une griffe porte-accessoires.

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Enfin le Favor auto à levier : En effet, fin 1958 apparaît sur le marché le dernier Favor-auto; l'appareil est maintenant tout à fait moderne: il est doté d'un levier d'avancement rapide conjuguant l'armement de l'obturateur et l'avance du film. Le couplage vitesse-diaphragme a été ajouté suivant la nouvelle mode des indices de lumination. Le compteur de vues n'est plus à droite du viseur, à coté du bouton de réembobinage, mais au centre du bouton-levier.
En 1959, le catalogue de la maison Grenier de Paris mentionne enfin le Favor-auto équipé du célèbre Compur-Rapid; l'objectif, de correction encore améliorée, est le Color-Docar 1:2,8 de f/45mm - Tous les objectifs de Favor sont des anastigmats à trois lentilles traitées.
Enfin, résultante logique d'une conception très saine et d'une réalisation mécanique et optique irréprochable, pour un appareil de ce prix, les performances du Favor ont été techniquement et commercialement à la hauteur des espérances de ses créateurs.
C'est un charmant petit 24x36. Je suis persuadé que tous les collectionneurs auront plaisir à trouver ce toujours jeune quadragénaire. C'est ce que je leur souhaite bien sincèrement.

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